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Oyakodon Baka
25 mai 2006

hôpital à la carte

Deux familles de patients, que les infirmières avec qui je travaille ont qualifié de "chiantes", et moi aussi du coup, pour faire simple. Mais j'y repense toujours après.

L'une, admise en cardiologie par les urgentistes pour un motif complètement incongru, une "daube" : un bilan de vertiges. Pas de quoi s'affoler, c'étaient des vertiges positionnels mais il lui fallait tout de même sa consultation ORL avant de partir, et son échographie des vaisseaux du cou. La famille demande à me parler, j'explique qu'il n'y a rien de grave, qu'on lui fait quelques examens, et que son cas ne nous inquiète pas. J'espérais vaguement une réponse du genre "ah, tant mieux docteur. Je suis rassurée, ma mère n'a rien".

Mais non. La fille prend un air mêlant impatience et consternation, avec une pointe de moquerie.
"Non mais ce que je veux savoir, c'est si elle sort aujourd'hui. Parce que demain c'est férié hein. Et vous ne lui ferez rien demain, je suppose."
J'étais consterné. Maintenant on vient à l'hôpital avec la perspective de sortir tout de suite ? Alors qu'on est venu de ses propres moyens ? On espère peut-être que la chambre d'hôpital en elle-même a une valeur curative ?...
Finalement ma chef lui a fait son écho tout de suite, j'ai appelé l'ORL pour qu'il la voie tout de suite, "pour pas qu'ils nous fassent chier". Et voilà, j'ai fait ce que je ne fais d'ordinaire pour aucun patient, alors que c'était une famille de cas sociaux opportunistes. Des parasites quoi. Des gens qui emmerdent tout le monde et qui ne servent à rien.
En général je préfère soigner des jeunes patients que des vieux. Mais les vieux, eux au moins ils sont polis, ils reconnaissent la nécessité de rester à l'hôpital, ils remercient des soins qu'on leur donne... Bon il faut dire aussi que nous sommes parfois une de leurs rares compagnies... mais tout de même. Les "jeunes", tout leur est dû. Enfin, certains jeunes, ceux que la société et les médias rendent abrutis certainement, ceux qui croient que tout est facile et immédiat, et bien sûr gratuit.
La sécu, le prix d'une journée à l'hôpital, une ambulance pour rentrer à la maison alors que la famille regorge de voitures personnelles... Je n'oserais jamais me comporter comme ça.

Un papi hospitalisé. Un examen était prévu mais l'un de ses médicaments aurait dû être arrêté avant, et ça je l'ignorais, et même ma chef l'ignorait, ainsi que mon collègue bien entendu.
J'explique à la fille (encore) que le fameux examen est reporté de 3 jours car l'un des médicaments gênait sa réalisation. La fille ne s'est pas contentée de cette explication : "mais pourquoi avez-vous laissé ce médicament alors que vous saviez que ça empêchait d'avoir cet examen ?"
L'erreur est humaine, et encore c'est une petite erreur, qui au pire n'aurait pas nui à la santé du patient et qui ne rallonge même pas significativement son temps de séjour, car d'autres examens étaient de toute façon prévus.
Mais voilà, les médecins il faut les piéger, il faut chercher l'erreur, la faille, leur foutre en pleine gueule, avoir de quoi les rendre responsables de je ne sais quoi. C'est ça, ce que recherchent en premier lieu les patients et leurs familles ? Les médecins - et même les infirmières - sont-ils par défaut, comme des ennemis et non pas des alliés ?
Si c'est ça, qu'on ne me demande pas d'établir une relation de confiance, c'est biaisé dès le départ, c'est fichu d'avance ! Et je n'y investirai aucune énergie inutile à cause de la connerie des gens.

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